Si les causes de la chute de cheveux peuvent être multiples (génétiques, hormonales, nutritionnelles ou médicales), beaucoup pointent du doigt le stress comme un facteur aggravant, voire déclencheur de la chute de cheveux. Idée reçue ou fait avéré ? Découvrons ensemble quel est le véritable lien entre le stress et la chute de cheveux et comment limiter ce phénomène.
Le stress affecte-t-il les cheveux ?
Les cheveux suivent des cycles. Chaque cheveu vit environ 25 cycles, après quoi il ne pousse plus. Chaque cycle est divisé en trois temps : la phase de croissance (anagène) qui concerne environ 90 % des cheveux, la phase de repos (catagène) et la phase de chute (télogène)(1). En cas de stress intense, les cheveux entrent prématurément dans la phase de chute, entraînant un dégarnissement excessif et diffus du cuir chevelu(2). Un stress aigu ou chronique altère ainsi le cycle pilaire et empêche la croissance du follicule pileux(3).
Ce processus peut être plus ou moins long, puisque la chute devient visible entre 2 et 6 mois après le pic de stress(2). En cas de stress chronique, la chute aura tendance à perdurer aussi.
Le rôle de l’hormone du stress
Le stress est l'une des raisons les plus courantes des troubles de la croissance des cheveux et de la chute des cheveux, car il entraîne une augmentation du taux de cortisol libéré dans l'organisme.
En effet, les situations stressantes peuvent déclencher l'activation de l'axe hypothalamo-hypophysaire (HPA) qui peut sécréter l’hormone de stress ou cortisol, et d'autres neurohormones. Toutes ces dernières peuvent accélérer le passage du cheveu de la phase de croissance à la phase de chute.
Aussi, il a été prouvé que le cortisol a un effet négatif sur le mécanisme de formation du follicule pileux en décomposant l'hyaluronane et les protéoglycanes, qui sont des substances intégrantes de la matrice extracellulaire et de la peau(4).
Dans une étude portant sur 40 étudiants allemands, les sujets qui ont déclaré avoir subi une charge mentale importante avaient une concentration de cortisol dans les cheveux plus élevée que les étudiants qui ne l'avaient pas déclarée(3).
Réduction de l’absorption des nutriments
D’autres explications d’ordre nutritionnel pourraient justifier l’effet du stress sur la chute de cheveux. En effet, le stress peut diminuer l’apport des nutriments essentiels à la santé capillaire (fer, zinc, vitamines B…), notamment en réduisant la microcirculation au niveau du cuir chevelu.
Lien entre perte de cheveux et stress
L’importance du rôle du stress sur la perte de cheveux n’est pas encore clairement défini. En effet, le stress est un facteur majeur dans l’apparition de troubles pour presque tous les organes du corps. Aucune étude scientifique n’a encore tranché si le stress est la première cause de la chute de cheveux ou s’il est un facteur conduisant à divers autres facteurs tels que le manque de sommeil, la perte d'appétit et l'augmentation des hormones de stress responsables de la chute des cheveux(2).
Plusieurs liens entre le stress et la chute de cheveux
Plusieurs niveaux d'interaction entre stress et chute de cheveux sont identifiés(1, 5) :
- Le stress aigu ou chronique en tant que principal élément déclencheur de la perte de cheveux.
- Le stress aigu ou chronique comme facteur aggravant la chute des cheveux, lorsque celle-ci possède déjà une autre origine (ex : cause hormonale, génétique, métabolique ou immunologique).
- Le stress en tant que problème secondaire causé par la perte de cheveux, résultant en un cercle vicieux où la perte de cheveux cause du stress, lequel perpétue la chute de cheveux.
Les chocs émotionnels et la perte de cheveux
Les évènements marquants ou les chocs émotionnels peuvent entraîner une perte de cheveux passagère, aussi appelée effluvium télogène(2). Une personne de nature stressée ne subira pas pour autant une chute de cheveux chronique.
La perte de cheveux survient généralement en cas de pic de stress, déclenché par un évènement perçu comme un traumatisme tels qu’un problème familial, personnel, professionnel ou financier(6). Par exemple : une chirurgie, un accident de voiture, un accouchement, une maladie sévère, une séparation, un décès dans l’entourage proche, une période d’examens scolaires, une dispute familiale, une perte d’emploi, partir travailler à l’étranger, le surmenage au travail…
D’autres sources de stress plutôt chronique existent comme la dépression, une forte anxiété, un niveau élevé de névrosisme (propension à ressentir des émotions négatives) ou d'alexithymie (difficulté à identifier et communiquer ses émotions), une phobie sociale ou un trouble de stress post-traumatique, par exemple(7).
Types de perte de cheveux liés au stress
Voici les principales formes de perte de cheveux associées au stress :
Effluvium télogène
Effluvium télogène est la forme la plus courante liée au stress. Le stress provoque une perturbation du cycle de croissance des cheveux, entraînant une chute soudaine et diffuse, souvent un à plusieurs mois après l’événement stressant. Heureusement, cette perte est généralement réversible.
Alopécie areata
Il s'agit d'une maladie auto-immune où le système immunitaire attaque les follicules pileux. Le stress pourrait déclencher ou aggraver cette condition, provoquant des pertes de cheveux par plaques. Ce type de chute peut être réversible avec un traitement adapté, mais s’avère parfois chronique.
À noter que les formes très connues de perte de cheveux comme l’alopécie androgénétique et la calvitie sont essentiellement de cause hormonale, même si le stress pourrait agir comme un facteur aggravant.
Trichotillomanie
La trichotillomanie est un trouble psychiatrique qui pousse une personne à s’arracher les cheveux. Cette pratique compulsive est fréquemment associée à un stress, une angoisse, une anxiété et permet de calmer la crise. Ce n’est donc pas une chute naturelle, mais auto-induite.
Certaines mimiques induites par le stress comme jouer, tordre ou tirer ses cheveux peuvent favoriser la chute des cheveux(1).
Quand la chute de cheveu provoque du stress
Si le stress favorise la perte des cheveux, la situation inverse est tout aussi vraie. En effet, la chute de cheveux peut occasionner du stress pour des raisons à la fois psychologiques, sociales et identitaires.
Impact sur l’image de soi
Les cheveux jouent un rôle important dans l’apparence et l’estime de soi. Leur perte peut entraîner un sentiment de perte de contrôle sur son corps, une diminution de la confiance en soi, voire un sentiment de vieillissement prématuré.
Pression sociale et normes esthétiques
Dans de nombreuses cultures, une chevelure dense est associée à la jeunesse, la beauté, l’attirance sexuelle et parfois même au statut social et à la réussite. Perdre ses cheveux peut ainsi être vécu comme une exclusion des normes sociales dominantes.
Réactions de l’entourage
Les regards, remarques ou moqueries peuvent renforcer la gêne ou le malaise, et générer un stress social ou relationnel, surtout si la perte est visible ou rapide.
Impact du stress oxydatif sur les cheveux
Le stress oxydatif est une autre forme de stress qui peut impacter le cheveu et favoriser leur chute. Ce stress oxydatif possède un effet négatif sur la peau en entraînant son vieillissement prématuré, et n’épargne ainsi pas le cuir chevelu, et par conséquent le cheveu. Ce phénomène est accéléré par plusieurs facteurs, à la fois hormonaux, environnementaux, inflammatoires ou encore nutritionnelles.
Or, le vieillissement des cheveux se caractérise par le grisonnement, le ralentissement de la production de cheveux, les modifications des propriétés structurelles de la fibre capillaire (diamètre du cheveu, courbure de la fibre capillaire, composition lipidique, etc(8).
Que faire contre la chute des cheveux liée au stress ?
Les solutions pour lutter contre la chute des cheveux sont diverses. Elles consistent principalement en une alimentation adaptée riche en ingrédients reconnus pour leur action anti-chute : ortie, la prêle des champs, le romarin et le lithothamne, etc. En complément, une supplémentation nutritionnelle anti-chute peut renforcer l’apport quotidien de nutriments essentiels.
En parallèle, une routine capillaire adéquate est requise : lavages suffisamment espacés, coiffures non agressives, utilisation de shampoings doux anti-chute et de cosmétiques fortifiants (ex : sérums anti-chute). Il est recommandé d’appliquer ces derniers par massage délicat afin de stimuler la microcirculation au plus près du bulbe pilaire et aider la pousse d’un cheveu en bonne santé.
Certaines solutions pharmacologiques peuvent également convenir en cas de chute de cheveux importante et persistante(5). Consultez votre médecin ou votre dermatologue afin de recevoir le bon diagnostic et la réponse adaptée.
Lorsque le lien entre stress et chute de cheveux est avéré, il faudra recourir à des solutions complémentaires. En cas de stress chronique, une consultation chez le psychologue ou certaines pratiques pour réduire le stress sont utiles : relaxation, méditation, activité physique, etc. En cas de pics de stress notamment, la prise de compléments alimentaires à base de magnésium peut également aider.
Le lien entre la perte des cheveux et le stress serait donc valable. Deux explications majeures mettent en évidence l’impact d’un stress aigu ou bien chronique sur la santé capillaire : l’augmentation du cortisol (hormone du stress) et la réduction de l’absorption des nutriments. Le second constat est que le stress présente plusieurs niveaux d’interactions avec la chute de cheveux puisqu’il peut être un facteur déclenchant, un facteur aggravant ou bien une conséquence de la chute de cheveux.
Sources :
(1)Sabrina Mufti N, Lestari W, Hajar S, Agung Pranata Kusuma Atmaja RM. Correlation between Stress Level and Hair Loss in Students. Berkala Ilmu Kesehatan Kulit dan Kelamin – Periodical of Dermatology and Venereology. 2025;37(1):9‑14.
(2)Shaikh S, Shaikh S, Shaikh S, Ali Shaikh A, Ghazanfar Saleem S. Prevalence of hair loss and stress as the cause; a cross-sectional study. International Journal of Advanced Research. 2016;4(7):327‑33.
(3)Fatima A, Ali MD, Al MS et. Stress related hair loss in medical students. Journal of University Medical & Dental College. 3 avr 2018;9(1):68‑73.
(4)Gokce N, Basgoz N, Kenanoglu S, Akalin H, Ozkul Y, Ergoren Mc, et al. An overview of the genetic aspects of hair loss and its connection with nutrition. J Prev Med Hyg. 17 oct 2022;63(2 Suppl 3):E228‑38.
(5)Stress and the Hair Growth Cycle: Cortisol-Induced Hair Growth Disruption [Internet]. JDDonline - Journal of Drugs in Dermatology. [cité 23 mai 2025]. Disponible sur: https://jddonline.com/articles/stress-and-the-hair-growth-cycle-cortisol-induced-hair-growth-disruption-S1545961616P1001X/
(6)Manolache L, Benea V. Stress in patients with alopecia areata and vitiligo. J Eur Acad Dermatol Venereol. août 2007;21(7):921‑8.
(7)Kuty-Pachecka M. Psychological and psychopathological factors in alopecia areata. Psychiatr Pol. 2015;49(5):955‑64.
(8)Trüeb RM. Oxidative stress and its impact on skin, scalp and hair. International Journal of Cosmetic Science. 2021;43(S1):S9‑13.